Parution de l’ouvrage « Chose promise »
« Chose promise » est un long poème puissant, haletant. Il parle de l’expérience du déracinement, du vacillement des repères, de la nuit d’où, peut-être, émerge la promesse qu’on n’espérait plus voir tenue.
Il nous parle tout à la fois d’un pèlerinage en monde chinois et de cet autre « Empire du milieu » que chacun de nous porte en ses profondeurs. Les illustrations de l’auteur scandent les étapes de cette épopée intérieure.
Benoît Vermander, jésuite français, est né à Alger en 1960 et vit en monde chinois depuis 1992. Professeur de philosophie à l’université Fudan (Shanghai), il a publié, outre de nombreux travaux en sciences humaines et sociales, plusieurs recueils de calligraphie, peinture chinoise et textes poétiques. Parmi ces derniers, « A taire et à planter » publié chez Desclée de Brouwer en 2010.
Délacé de moi-même à tel point
Que plus rien de moi à moi ne s’attache
Et que je m’affaisse juste avant le seuil
Que j’avais dessein de surprendre
D’un bond
Dont ne restera que l’esquisse
Délacé de moi-même et ne sachant point
Si j’en éprouve peine ou répit
Délacé de moi à m’en séparer
Ignorant désormais ignorant si je veux
Remembrer les lambeaux disjoints
Ou rester à rouiller sur l’herbe
(…)
Conduis-moi par la main vers où je veux aller conduis-moi par la main en ce lieu que j’ignore et qui s’abîme en moi conduis-moi vers chez moi conduis-moi vers chez toi par un même unique chemin par les grottes et par les sommets, par la mer et par la forêt par la grand-route et le plateau lève-moi de ma place quand j’y suis arrimé lève le couvercle et le toit ou bien ferme la pièce ferme la grotte quand il le faut montre d’un geste montre la trappe et l’escalier par où descendre conduis-moi par la main vers où je ne n’ose pas aller puis quand vient le temps lâche-moi.